Les normopensants : et si on en parlait aussi ?
Dans les dernières années, le vocabulaire autour de la neurodiversité s'est enrichi. On parle de plus en plus des personnes dites neuroatypiques : HPI, TSA (autisme), TDAH, dys-, etc. Ces étiquettes sont précieuses pour la compréhension de soi et la reconnaissance des besoins spécifiques. Mais en parallèle, un terme est apparu pour désigner "les autres" : les normopensants.
Ce mot intrigue, parfois agace, souvent questionne. Qui sont ces normopensants ? Et pourquoi est-ce important d'en parler, sans jugement ni opposition ?
D'où vient ce terme ?
Le mot "normopensant" n'est pas un terme scientifique reconnu. Il est né par opposition à "neuroatypique", pour tenter de désigner ceux qui ne le sont pas. En d'autres mots, il s'agit des personnes dont le fonctionnement cognitif, émotionnel et sensoriel est considéré comme "dans la norme".
Cela inclut en général :
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Une façon de penser linéaire ou séquentielle,
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Une régulation émotionnelle jugée "standard",
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Une capacité d'adaptation à la société sans efforts particuliers,
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L'absence de diagnostic neurodéveloppemental ou de fonctionnement divergent.
Pourquoi parler des normopensants ?
Parce qu'à force de se concentrer – à juste titre – sur la diversité des profils atypiques, on en oublie parfois que les profils plus "classiques" existent aussi, et qu'eux aussi ont leur singularité. L'intention n'est pas de créer une séparation ou de hiérarchiser les fonctionnements, mais plutôt de :
🔸 Favoriser la compréhension mutuelle
Comprendre les normopensants, c'est aussi reconnaître qu'ils peuvent ne pas comprendre spontanément les codes, les besoins ou les ressentis des neuroatypiques… et vice versa. Cela évite les jugements mutuels, les incompréhensions, et parfois les frustrations.
🔸 Sortir des étiquettes et des caricatures
On entend parfois que les normopensants seraient "fermés d'esprit", "conformistes" ou "insensibles". Ce sont des généralisations injustes. De la même manière que les neuroatypiques ne se résument pas à une case, les personnes au fonctionnement plus classique ont aussi une profondeur, une sensibilité et une complexité propre.
🔸 Apaiser les relations
Mettre des mots sur les différences de fonctionnement permet souvent de pacifier les échanges, notamment dans les familles, les couples, ou les milieux professionnels. En expliquant calmement : "Je fonctionne comme ça, et toi autrement", on remplace le jugement par la coopération.
Quelques traits parfois associés aux normopensants
À prendre avec des pincettes, bien sûr, car chaque personne est unique :
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Ils peuvent préférer les règles claires, les cadres structurés.
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Ils peuvent trouver rassurant ce qui est prévisible.
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Ils n'ont pas nécessairement besoin d'intensité émotionnelle ou de stimulation permanente.
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Ils ont souvent une lecture plus pragmatique des situations, avec une certaine distance émotionnelle.
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Ils peuvent avoir du mal à saisir l'implicite émotionnel ou la profondeur intuitive.
Ces traits ne sont ni meilleurs ni pires, simplement différents.
Et si on parlait plutôt de diversité cognitive ?
Le terme "normopensant" reste imparfait, car il semble définir une "norme" que personne ne vit réellement dans toute sa rigueur. La réalité est plus fluide. Nous sommes tous plus ou moins sensibles, plus ou moins intuitifs, plus ou moins rapides ou analytiques selon les contextes.
Plutôt que de penser en catégories fixes, il est souvent plus utile de penser en termes de continua : chacun évolue quelque part sur des échelles d'émotion, de pensée, de perception, de relation.
Conclusion : ni étiquette, ni opposition
Parler des normopensants ne doit pas devenir un outil d'exclusion, mais un pont vers une meilleure compréhension des différences humaines.
Il ne s'agit pas de désigner un camp, mais d'ouvrir un dialogue. Car que l'on soit neuroatypique ou non, on gagne tous à mieux se connaître et à mieux comprendre les autres.